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Faut-il consommer des alicaments pour être en bonne santé ?

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Qu’ils soient naturels ou industriels, les alicaments sont parés de toutes les vertus. Ainsi, manger juste « sainement » ne serait pas suffisant pour avoir un organisme en béton ? Omega-3, bifidus, ces termes très en vogue qui font les choux gras de l’industrie agroalimentaire, séduisent les consommateurs friands de bien-être nutritionnel.  A tort ou à raison ?

 

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 Faut-il consommer des alicaments pour être en bonne santé ?
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Les alicaments, qu’est ce que c’est ?

Les alicaments (contraction de « aliment » et « médicament ») présents naturellement dans de nombreux nutriments ont, paraît-il, la capacité de faire du bien à notre organisme au-delà de le nourrir. 

On ne peut donc nier les bienfaits thérapeutiques de certains alicaments « naturels »  tels que par exemple l’avocat, riche en vitamines et au pouvoir antioxydant, ou l’ail à l’effet cardioprotecteur, ou encore le raisin particulièrement énergétique et bourré d’oligo-éléments. 

Mais on les trouve aussi dans une grande partie des produits alimentaires industriels dont le seul but est d’attirer l’œil des consommateurs. Et pour assoir leur réputation, ces alicaments bénéficient du label « allégation santé » leur permettant ainsi d’affirmer un réel bienfait sur l’organisme. Ainsi on s’enflamme volontiers pour un produit dont l’étiquette sur l’emballage dit clairement « faible teneur en graisses » ou « produit riche en omega-3 », ou encore « composants antioxydants ». Est-ce que cela veut dire pour autant qu’ils sont bons pour notre santé ? Pas toujours. 

Les “allégations santé” des alicaments: preuve d’un vrai bienfait pour la santé?

Derrière ces propositions très alléchantes se cache un vrai business qui affole les nutritionnistes tant il est difficile de faire la part des choses entre « science » et « marketing ».
Et il semblerait que l’éthique ne soit pas toujours respectée. D’ailleurs, certains groupes de l’agroalimentaire auraient tendance à mentir aux consommateurs pour doubler la concurrence et se faire une place dans les rayons « santé ». 

Bref, notre bon sens est mis à l’épreuve et l’on se rue sur tout ce qui nous incite à manger prétendument mieux et plus sainement. Et les industriels de l’alimentation profitent de notre faiblesse en insistant sur le « scientifiquement prouvé » qui est le garant de leur prétendue véracité. Et qui du coup nous rend vulnérables et confiants.  

Heureusement l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) veille au grain. En effet, cet organisme de contrôle réclame aux industriels de réelles preuves scientifiques, quand ils déposent une demande d’allégation de santé. Par allégation de santé, on entend « toute mention utilisée sur les étiquettes, à des fins de publicité, ou sur des produits de marketing selon laquelle la consommation d’un aliment donné peut avoir des bienfaits pour la santé ». Et il arrive que l’EFSA refuse d’accorder cette allégation à un demandeur si l’objet en question n’apporte aucune preuve tangible de son bienfait sur l’organisme. Et si l’industriel a contourné la loi et présente sur le marché un produit avec une « allégation santé » non justifiée, l’EFSA se réserve le droit de lui demander la suppression de l’étiquetage mensonger.


Les alicaments ont par ailleurs mauvaise presse auprès des membres de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail) qui les considèrent comme ne présentant aucun intérêt nutritionnel. D’autre part, ils émettent de sérieux doutes sur l’efficacité de certains nutriments qui se targuent entre autres de lutter contre le mauvais cholestérol, de renforcer les défenses naturelles ou de restaurer la flore intestinale. 


La CLCV (consommateurs, logement et cadre de vie) la plus importante association nationale de défense des consommateurs, dénonce ouvertement les abus de certains géants de l’agroalimentaire. Par exemple, en 2012, ils ont fait condamner en appel une société agro-alimentaire, Gerblé, bien connue pour ses produits diététiques, pour « allégation de nature à induire les consommateurs en erreur ». En effet,  la marque prétendait que ses barres chocolatées avaient le pouvoir de stimuler la mémoire et d’augmenter les performances mentales des seniors ou des jeunes en période d’examen, grâce à l’adjonction d’un extrait d’huile de soja. Aucune étude scientifique n’ayant appuyé ces dires, la CLCV a saisi la justice. 


Est-ce bon pour la santé de prendre des alicaments ?

Ainsi, on constate régulièrement les dérives des industriels de l’agroalimentaire et des conséquences sur la santé des consommateurs. « Il est bien évident qu’un « aliment santé » ne traite en aucun cas une maladie ou ne la prévient » ! C’est ce qu’avance Marie Christine Favrot, cancérologue et conseillère l’ANSES (Agence de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation). En supposant que certains aliments aient des vertus nutritives intéressantes, ils peuvent par ailleurs être néfastes ou tout simplement n’avoir aucun effet positif sur notre organisme même si c’est l’axe privilégié de l’annonceur. 

C’est le cas notamment des yaourts au bifidus actif dont les allégations « renforce l’immunité » ou  « aide l’organisme à se défendre » sont fortement controversées par manque de preuves cliniques. 
Cependant en Europe, contrairement à nos voisins américains, nous sommes bien protégés. Car il est interdit aux producteurs d’aliments fonctionnels de présenter leurs produits avec des allégations faisant état de prévention, traitement ou guérison de pathologies.


Malgré ce, les alicaments ont une croissance exponentielle et les industriels sont loin de baisser la garde. Ils développent des trésors de créativité pour récupérer encore et encore des parts de marché
Pourquoi se passer des alicaments ?

Pourquoi ne pas céder à la mode des alicaments ?


Et si l’on essayait de se passer de ces alicaments industriels qui finalement n’ont pas vraiment révolutionné l’équilibre alimentaire ? Au pire on n’aura rien perdu, au mieux on aura tout gagné puisque ces compléments alimentaires n’apportent aucune preuve tangible de leurs bienfaits sur la santé. Concentrons-nous plutôt sur ceux qui sont juste « naturels » et qui ont subi peu de transformation. 


Ne faisons plus d’automédication et cessons d’intellectualiser la nourriture. Manger n’est pas un soin ou un acte médical. Manger est en premier lieu un plaisir, la satisfaction de multiples besoins. Des besoins énergétiques bien sûr, mais aussi des besoins en certains nutriments et micro-nutriments, des besoins en échanges sociaux, des besoins émotionnels, des besoins anti-stress, des besoins de sens et de représentations nourrissantes. C’est dire si manger est un acte fondamental, qui mobilise la personne dans son ensemble.

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